Résistance au feu?
La 'résistance au feu' correspond à l'aptitude d'un élément de construction à conserver ses fonctions (capacité portante, intégrité et/ou isolation) pendant une durée déterminée au cours d'un incendie.
La 'résistance au feu' ne doit pas être confondue avec la 'réaction au feu', qui caractérise la combustibilité d'un produit de construction et donc, son aptitude à alimenter le feu.
Cadre législatif
Conditions harmonisées pour la mise sur le marché des produits de construction
Le règlement (UE) 305/2011 du 9 mars 2011 établit des conditions harmonisées de commercialisation pour les produits de construction. L'annexe 1 décrit les exigences de base pour les travaux de construction. Dans le cadre de la sécurité incendie, il s'agit notamment de:
- garantir la stabilité des éléments porteurs pendant une durée déterminée pour donner aux occupants le temps de quitter le bâtiment
- assurer l’accès et la sécurité des services de secours et d’urgence
- permettre de circonscrire la propagation du feu et de la fumée (dans le bâtiment et dans les constructions adjacentes).
Classes de performance de résistance au feu
Le règlement 305/2011 a notamment été complété par une réglementation spécifique pour ce qui concerne les classes de performance de résistance au feu. Le règlement délégué (UE) 2024/1681 a été publié dans le Journal Officiel du 13 juin 2024. Ce règlement définit les essais et les critères de classement de résistance au feu des éléments porteurs et non porteurs, des éléments de compartimentage, des systèmes de ventilation, des installations techniques, des revêtements des murs et plafonds,... Ce règlement délégué remplace la décision européenne 2000/367/CE.
Évaluation de la résistance au feu
Les performances que les éléments de construction doivent conserver pendant une durée déterminée en cas d’incendie sont évaluées lors d’un essai normalisé de résistance au feu.
Les trois performances principales évaluées pour les éléments de construction sont:
- la capacité portante (critère ‘R’): aptitude de l’élément de construction à supporter l’exposition au feu, sous des actions mécaniques définies, sur une ou plusieurs faces pendant un temps donné sans perte de stabilité structurale (critère auparavant appelé ‘stabilité au feu’)
- l’intégrité (critère ‘E’): aptitude d’un élément séparatif exposé au feu d’un seul côté à empêcher les flammes et les gaz chauds de le traverser (critère auparavant appelé ‘étanchéité au feu’). On qualifie parfois cette fonction de ‘pare-flamme’.
- l’isolation (critère ‘I’) : aptitude d’un élément séparatif à prévenir le passage de la chaleur. La transmission doit être limitée de façon à ne pas enflammer la surface non exposée ni aucun élément au voisinage immédiat de celle-ci. L’élément doit également assurer une isolation thermique suffisante pour protéger les personnes situées à proximité.
Outre ces trois performances principales, d’autres caractéristiques optionnelles sont également spécifiées. Leur utilisation dépend de l’élément de construction (voir tableau 2).
La résistance au feu d'un élément de construction est exprimée en termes de durée pendant laquelle l'élément de construction continue à satisfaire à un ou plusieurs critères de base (REI). Cette durée, exprimée en minutes, est ajoutée à la lettre du code correspondant au critère (voir tableau 1).
Les produits de construction ne répondent pas toujours simultanément aux trois critères principaux:
- une porte coupe-feu EI 60 n’a pas de fonction structurelle à assurer dans le bâtiment mais doit être capable de retenir les flammes, les gaz chauds (E) et la chaleur (I) pendant une heure
- une fenêtre pare-flammes E30 retiendra les flammes et gaz chauds (E) pendant 30 minutes, mais pas la chaleur.
Les performances optionnelles qui caractérisent certains équipements spécifiques se combinent avec la nomenclature REI. Par exemple, le critère ‘S’ concerne la capacité des éléments séparatifs (portes, menuiseries,…) à retenir la fumée: si une porte coupe-feu porte la nomenclature EIS 30, elle est capable de retenir non seulement les flammes (E), la chaleur (I) mais également la fumée (S) pendant 30 minutes.
Tableau 1 Principales classes de performance de résistance au feu
| Type d’élément de construction | Commentaire | Exemple |
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| éléments porteurs | R (capacité portante) + temps (en min.) durant lequel ce critère est satisfait | colonne R60 = colonne stable au feu (R) durant une heure (60) |
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| éléments porteurs et séparatifs | REI (capacité portante, intégrité et isolation) + temps (en min.) durant lequel tous ces critères sont satisfaits | parois REI 120 = parois conservant leur capacité portante (R) pendant deux heures (120), tout en retenant les flammes (E) et la chaleur (I) du côté exposé. |
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| éléments non-porteurs | EI (intégrité et isolation) + temps (en min.) durant lequel ces critères sont satisfaits | cloison légère EI60 = cloison résistant au feu (EI: intégrité et isolation) durant une heure (60) |
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Évaluation par essais ou calcul
En Belgique, la réglementation en matière de prévention des incendies dans les bâtiments se trouve dans l'AR Normes de base, qui comprend aussi les exigences de résistance au feu des éléments de construction. Les informations attestant de la résistance au feu des éléments de construction sont incluses dans le marquage CE et dans la "déclaration de performance" (DoP) qui l'accompagne.
Le règlement sur les produits de construction stipule cependant que le marquage CE n'est obligatoire que pour les produits de construction couverts par une norme harmonisée. Pour les autres éléments de construction, il est possible de tester la résistance au feu conformément à la série de normes NBN EN 13501 (Classement au feu des produits de construction et des éléments de bâtiment) ou de la déterminer par calcul en se basant sur les Eurocodes.
Les Eurocodes sont un ensemble intégré de normes européennes pour la conception et le dimensionnement des bâtiments. Au total, il existe dix Eurocodes numérotés de 0 à 9. Chacun d’entre eux couvre un type de construction spécifique (par exemple, l'Eurocode 2 traite des ouvrages en béton) ou un domaine spécifique (par exemple, l'Eurocode 7 porte sur le calcul géotechnique, comme par exemple le calcul des pressions des terres). Chaque Eurocode (à l'exception des numéros 7 et 8) comprend une section sur la résistance au feu, présentant la méthode de calcul correspondant au type de construction traité dans la section.
