Éviter les maladies du rat

L’homme associe souvent les rats à la saleté, à la destruction et à des maladies comme la peste ou la rage. Dans cet article, nous parlerons de trois maladies que l’homme peut attraper par contact direct ou indirect avec des rats: la leptospirose, l’hantavirose et la fièvre par morsure de rat.
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preventFocus 08/2019
auteur: Docteur Wim Van Hooste, médecin du travail chez Mediwet SEPPT asbl

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Maladies du rat

Les maladies propagées par les rats représentent une menace pour la santé publique et doivent être suivies dans le cadre de la surveillance de la santé des travailleurs. La propagation peut avoir lieu de trois manières:
  1. contamination, par des rats, de lieux fréquentés par l’homme ou contenant de la nourriture destinée à la consommation humaine;
  2. morsure de rats;
  3. morsure de puces, tiques, mites ou poux ayant comme hôte le rat. 
Quelques exemples de maladies transmises par les rats: la leptospirose, l’hantavirose, la fièvre par morsure de rat, la tularémie, la peste, la rickettsiose, la pasteurellose et certaines parasitoses. Les rats peuvent être porteurs ou réservoirs de divers agents pathogènes. Ils sont en outre souvent porteurs de parasites qui peuvent également transmettre des agents pathogènes humains: poux, mouches, vers, larves, tiques, puces ou mites. La peste et le typhus murin (causé par Rickettsia typhi) sont transmis par les puces. Les intoxications alimentaires telles que la salmonellose, la campylobactériose et la yersiniose peuvent résulter de la contamination de la nourriture, de la cuisine, des sols ou de toutes sortes d’objets. La leptospirose et l’hantavirose sont propagées par contact direct ou indirect avec des rats ou leurs déjections. Les morsures de rats peuvent entraîner la fièvre par morsure de rat, la pasteurellose, l’hantavirose ou la leptospirose. 

La leptospirose, maladie du rat par excellence

Description de la maladie

La leptospirose est l’une des principales maladies propagées par les rats. On l’appelle également maladie de Weil ou maladie des égoutiers. Cette zoonose (maladie ou infection transmissible de l’animal à l’homme) est causée par une bactérie. La leptospirose a été décrite pour la première fois en 1886 par Adolf Weil, qui a donné son nom à la forme sévère de la maladie. La bactérie spiralée Leptospira interrogans se subdivise en de nombreux sous-types (‘sérovars’). La bactérie est assez vulnérable dans l’environnement et subsiste mieux dans des conditions chaudes et humides. La leptospirose est la zoonose la plus fréquente au niveau mondial. Chaque sérovar peut causer des problèmes chez son ‘hôte’ spécifique, ou se maintenir dans des réservoirs animaux sans que ceux-ci ne présentent de signes cliniques. Ces porteurs excrètent la bactérie dans l’environnement pendant des semaines, voire des années, principalement via l’urine. Dans notre pays, les rats, les campagnols et les bovins sont les trois principaux hôtes animaux (par ordre d’importance). Cependant, les chiens, les porcs, les chevaux, les chèvres et les moutons peuvent également être porteurs. 
 

Voie de contamination

La principale voie de contamination chez l’homme est le contact avec de l’eau ou de la boue (argile, sol humide) polluée par de l’urine et des déjections de rongeurs. Ce contact peut avoir lieu lors d’activités professionnelles (travaux dans les égouts, exercices militaires…) ou récréatives (baignade, canotage,…). Le contact direct avec des matières biologiques contaminées (urine, déjections, organes…) et l’ingestion de denrées alimentaires contaminées (lait cru essentiellement) sont d'autres voies de contamination possibles.
 

Déroulement de la maladie et conséquences

Un patient contaminé excrète les leptospires (bactéries responsable de la leptospirose) durant quatre à six semaines dans l’urine. Deux à trente jours (de cinq à quinze le plus souvent) peuvent s’écouler entre la contamination et l’apparition des symptômes. La gravité de la maladie peut aussi varier fortement. Les symptômes sont généralement modérés, voire inexistants. Les formes modérées ne sont souvent pas reconnues. Elles se caractérisent par des symptômes grippaux et une apparition soudaine de maux de tête (souvent violents), de fièvre, de douleurs musculaires et articulaires, une hypersensibilité à la lumière, des nausées et des vomissements. Dans les cas graves, la maladie peut perturber les fonctions hépatiques et rénales ou déboucher sur une méningite. 
Les formes rencontrées dans nos régions sont la ‘fièvre des trayeurs’, la ‘fièvre des champs’ et la maladie de Weil. De manière générale, la fièvre des trayeurs, une infection à Leptospira hardjo (du bovin), est moins grave qu’une contamination aux autres leptospires. Elle n’est pratiquement plus observée en Belgique. La fièvre des champs est une forme généralement modérée de la leptospirose, causée par le sérovar Grippotyphosa et transmise par les souris. 

Traitement de la maladie de Weil

Si la maladie n'est pas prise en charge ou lsi e traitement n’est pas initié rapidement, de graves symptômes apparaissent (jaunisse, hémorragies et insuffisance rénale). Son issue est mortelle dans 20 à 50% des cas, La guérison partielle ne débute qu’après plusieurs semaines.
La maladie est causée par les sérovars Icterohaemorrhagiae et Copenhageni, S’agissant d’une infection bactérienne, des antibiotiques doivent être administrés. Un traitement de soutien peut être nécessaire en cas d’insuffisance rénale, d’hypotension et d’hémorragies (pulmonaires).
Il n’existe pas de données précises sur l’immunité protectrice après une infection naturelle. La protection par les anticorps est spécifique au sérovar. Étant donné l’existence de nombreux sérovars (> 250), et vu que l’immunité croisée n’est pas clairement établie, l’immunité est limitée.

Cas en hausse

La mécanisation et l’amélioration de l’hygiène du travail ont permis de réduire les risques professionnels. La hausse du nombre de cas est directement liée aux activités de détente et de loisirs (courses à obstacles dans la boue, vacances aventures sous les tropiques avec baignade, plongée, kayak, pêche, spéléo…). 

Prévention

Les mesures de prévention dépendent du type de porteur (rat, souris, bovin), de l’environnement et de la voie de contamination:
  • portez des gants et des bottes en caoutchouc en cas de contact avec de l’eau ou de la boue où des rats ont été aperçus et recouvrez les lésions cutanées (pansement);
  • lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon;
  • ne laissez pas de nourriture ou de déchets près des points d’eau de baignade ou dans le jardin;
  • travail à proximité d'eaux usées, d'eaux souterraines ou de surface:
       - portez des vêtements de protection
       - protégez vos yeux avec des lunettes, et le nez et la bouche avec un masque
       - équipez-vous de bottes en caoutchouc et utilisez de longs gants.

L’hantavirose 

Les hantavirus, un groupe de virus pouvant être transmis par les rongeurs, sont présents dans le monde entier. Le groupe des hantavirus comprend un grand nombre de sous-types et sous-familles, chacun(e) ayant un hôte animal spécifique. Les rongeurs sont porteurs et excréteurs des virus sans développer eux-mêmes la maladie. En Belgique, l’hantavirose est surtout observée dans le sud du pays, entre la Sambre et la Meuse, près de la frontière avec la France, au niveau du massif des Ardennes. La maladie suit un cycle qui dépend probablement du nombre de campagnols. Tous les trois à quatre ans, elle est signalée plus fréquemment (jusqu’à 200 cas par an). Elle touche en particulier les gardes forestiers, les ouvriers forestiers et les chasseurs. 

Voie de contamination

L’homme est contaminé par l’inhalation de particules de virus présentes dans les aérosols d’urine, de déjections et de salive des rongeurs contaminés. Ces aérosols sont générés entre autres lors de travaux de nettoyage (par ex. crottes de souris) ou lors de la ventilation d’une pièce restée fermée (par ex. maison de vacances, remise, grenier), car ces activités font voler les particules de virus présentes dans la poussière, les déjections séchées ou les matériaux de nidification. Le virus peut survivre environ deux semaines après l’excrétion par le rongeur.

Symptômes

La gravité des symptômes peut fortement varier. En Belgique, l’hantavirose se manifeste sous deux formes: 

  1. un syndrome grippal avec une fièvre soudaine pouvant atteindre 40 °C, accompagnée de maux de tête et de douleurs musculaires et lombaires. Des maux de ventre, vomissements et diarrhées apparaissent parfois également;
  2. la néphropathie épidémique (maladie se caractérisant par des lésions rénales causées par une inflammation des reins). Des protéines sont retrouvées dans les urines et il y a une augmentation de la diurèse dans la plupart des cas. 
Le diagnostic repose sur les symptômes et une analyse en laboratoire du sang du patient. Il n’existe aucun traitement spécifique, et la guérison est généralement spontanée. En cas d’atteinte grave des reins, une dialyse peut être nécessaire.

Risques professionnels

L’hantavirose peut être contractée lors des activités suivantes:
  • contact avec des rongeurs vivants ou morts et/ou des excrétas de rongeurs (dératisation, manipulation de matériaux de nidification);
  • manipulation de terreau ou de terre contaminé(e) (labourage ou plantage manuel);
  • exercices militaires;
  • travail du bois;
  • travail intensif du bois en forêt (coupe d’arbres, déplacement de troncs);
  • manipulation de bois (de chauffage) stocké;
  • travaux dans l’habitation;
  • bâtiment (rénovation de vieilles maisons);
  • nettoyage de caves, greniers, celliers, cages/poulaillers;
  • réouverture d’une pièce restée fermée durant l’hiver;
  • camping.

Mesures de prévention

Les mesures de prévention possibles sont les suivantes: 

  • bien aérer les habitations vides (caravanes, huttes, bâtiments...) pendant au moins 30 minutes;
  • durant l’enlèvement ou la destruction de nids de souris ou de campagnols, ne pas tenir la tête trop près de ces nids, et rester autant que possible dos au vent;
  • utiliser une solution d’eau de javel à 10% comme désinfectant et laisser agir au moins 30 minutes;
  • porter des gants (jetables) longs et étanches en plastique, un masque anti-poussière FFP2 et des lunettes de protection;
  • placer un pansement sur les lésions cutanées;
  • passer la serpillère avant de balayer ou d’aspirer, étant donné que ces deux activités génèrent des aérosols et des nuages de poussières;
  • réduire autant que possible les contacts avec des rongeurs morts;
  • porter des vêtements de protection lors de l’enlèvement de vieux nids et de rongeurs morts;
  • ne pas laisser traîner les provisions, la nourriture des animaux et les restes de repas pour éviter d’attirer les rongeurs;
  • placer des pièges mécaniques et employer un rodenticide;
  • colmater les orifices et interstices dans l’habitation.

La fièvre par morsure de rat

Les morsures de rats sont probablement sous-rapportées. Jusqu’à dix pour cent d'entre elles entraînent la 'fièvre par morsure de rat'.
Cette maladie se présente sous deux formes. La forme streptobacillaire commence par une lésion cutanée locale durant trois à dix jours, abruptement suivie par des symptômes grippaux tels que fièvre, tremblements, maux de tête et douleurs musculaires et articulaires. La forme spirillaire a une période d’incubation plus longue, guérit moins bien et est moins fréquente.
Le traitement de prédilection de cette fièvre est la pénicilline. Il est facile de passer à côté du diagnostic. 

Mesures de prévention générales

Les populations de rats et de rongeurs doivent être maintenues sous contrôle (entre autres par la dératisation et le rangement des provisions dans des lieux fermés).

Il faut établir des instructions de travail et des directives en matière d’hygiène et de premiers secours, et les communiquer aux travailleurs qui sont en contact avec des rongeurs dans le cadre de leur profession (entre autres: personnel de laboratoire, dératiseurs, ouvriers forestiers, égoutiers, personnel de nettoyage, personnel d’animaleries). Les travailleurs doivent porter une protection respiratoire en cas de génération d’aérosols et porter des vêtements de protection et des gants lors d’activités de nettoyage et lors de la manipulation d’animaux vivants ou morts. Ils doivent se laver les mains régulièrement et avec soin. Durant le travail, tout contact entre les mains et la bouche doit être évité. 
Les lésions causées par un rat – morsure ou coup de griffe – doivent être nettoyées soigneusement et leur suivi, mêmes si elles sont minimes, ne doit pas être négligé. Les symptômes grippaux, éruptions cutanées, gonflements des ganglions lymphatiques et douleurs articulaires qui apparaissent après la lésion doivent être correctement suivis. Les personnes qui sont exposées à la présence de rats chez elles, dans le cadre professionnel ou durant les loisirs doivent le signaler à leur médecin traitant.
 

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