Méthode Kinney: origine
Kinney, Fine, Wiruth, Graham?
Il existe plusieurs versions de la dénomination: ‘Fine & Kinney’, ‘Kinney & Fine’, ‘Kinney & Wiruth’, ‘Graham & Kinney’ et simplement ‘Kinney’. Qu'en est-il au juste?
Fine et le prof. dr. Kinney (expert en chimie physique) travaillent tous les deux dans l’armée de l’air américaine. Le CV de Kinney ne mentionne aucune expérience en sécurité du travail.
La publication de Fine, en 1971, a été suivie, cinq ans plus tard, par celle de Kinney & Wiruth. Ces deux publications abordent la même problématique – la quantification des risques – mais les méthodes présentent des différences importantes.
Quatre ans plus tard, en 1980, paraît un article succinct de Graham & Kinney: le texte traite surtout du modèle d’analyse coût-efficacité des mesures par rapport aux risques (le nomogramme) et n’apporte pas de nouveaux éléments.
La méthode d’évaluation des risques encore utilisée aujourd’hui est celle de Kinney & Wiruth (Kinney en abrégé) et non celle de Fine.
Quels sont les points communs entre la méthode de Fine et celle de Kinney?
- les risques sont inévitables, mais ils doivent être socialement et financièrement acceptables.
- les deux méthodes font la distinction entre ‘danger’ et ‘risque’ (résultat de la ‘possibilité’ et la ‘gravité’) et ventilent la ‘possibilité’ en ‘probabilité’ et ‘exposition’.
- le principe des trois facteurs de risque (gravité, probabilité, exposition), multipliés entre eux pour calculer le score de risque est présent dans les deux cas.
- les valeurs de pondération des trois facteurs de risque sont identiques chez Fine et chez Kinney.
Quelles sont les principales différences entre Fine et Kinney?
- la justification des coûts pour éliminer les dangers se fait via une formule de calcul (Fine) ou un nomogramme (Kinney). Ce modèle n’est plus utilisé actuellement pour la méthode Kinney.
- chez Fine, l‘exposition est la fréquence de survenue d’un événement dangereux, tandis que chez Kinney, l'exposition désigne la fréquence d’exposition d’une personne à un danger par unité de temps. Ce sont deux choses différentes.
- chez Fine, la probabilité concerne le fait qu’un événement dangereux entraîne un accident et ses conséquences. La définition qu'en donne Kinney est une plus juste: puisqu'il s'agit de la possibilité qu’un événement dangereux (et non l’accident proprement dit) se produise. En effet, si on suit Fine, on obtient une formule illogique: possibilité (accident) = exposition x possibilité (accident). Cette erreur de raisonnement est encore très répandue.
Remarque
Le fait que Fine et Kinney aient tous deux travaillé dans l’armée, à une époque où des risques graves étaient plus acceptables qu’aujourd’hui, explique peut-être pourquoi leurs estimations des risques sont inférieures à celles obtenues en appliquant des méthodes plus récentes. Mais ceci n'est qu'une hypothèse (non démontrée) de l'auteur.
Il est par ailleurs assez étonnant qu'on continue à utiliser la méthode Kinney telle quelle en Belgique: dans le reste du monde, excepté aux Pays-Bas, en Turquie et (dans une moindre mesure) en France, elle est considérée comme obsolète. En outre, il n’existe pas de publications récentes expliquant comment utiliser la méthode correctement.