KIM: une méthode d'analyse des risques pour les tâches physiquement exigeantes

Exécuter des tâches physiquement exigeantes peut entraîner l’apparition de troubles musculo-squelettiques. La méthode KIM est une méthode couramment utilisée pour évaluer les risques liés à ces tâches.
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publié par la rédaction, prevent.be le 14.05.24 

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KIM?

KIM est l'abréviation de Key Indicator Method (méthode des indicateurs clés). Cette méthode a été mise au point par BAuA (Bundesanstalt für Arbeitsschutz und Arbeitsmedizin), l’institut fédéral allemand pour la santé et la sécurité au travail, pour analyser les contraintes physiques liées au travail. KIM est un instrument de dépistage qui permet d'estimer le risque sur la base d'observations et d'informations provenant de différentes tâches. Six outils de dépistage sont disponibles en fonction de la nature de la charge physique.

Scientifiquement validé 

Le premier outil de dépistage KIM, qui date de 2001, était destiné à évaluer des tâches impliquant le levage et le transport manuels. Des outils supplémentaires pour la traction et la poussée (2003) et la manutention manuelle/le travail répétitif (2011) sont venus le compléter. En 2019, ces trois outils originaux ont été entièrement révisés. Trois outils supplémentaires ont été développés. KIM est une méthode scientifiquement fondée et validée sur base d'études de terrain approfondies dans de multiples secteurs.

Six outils 

La méthode KIM recourt à des outils de screening qui varient en fonction de la nature de la charge physique:

1 soulever, tenir et porter des charges (KIM-LHC – lifting, holding, carrying)

2 tirer et pousser des charges (KIM-PP – pushing, pulling)

3 manutention manuelle et travail répétitif (KIM-MHO – manual handling operations)

4 forces globales du corps (KIM-BF – whole-body forces)

5 postures contraignantes (KIM-ABP – awkward body postures)

6 motricité du corps (KIM-BM – body movement).

Analyse des tâches

Pour appliquer la méthode KIM, il faut d’abord analyser les différentes sous-tâches et activités de manière approfondie pour identifier la charge physique associée à la tâche et déployer l’outil le plus adéquat parmi les six disponibles. On estime ensuite la durée de la tâche et on y associe différents facteurs de risque. Les facteurs de risque dépendent de la nature de la charge physique. Un score est déterminé pour chacun des facteurs de risque. Ces scores sont ensuite additionnés et multipliés par un score qui représente la durée de la tâche. Les scores relatifs à la durée de la tâche sont similaires pour les six outils. Le score de risque total est toujours le résultat d’une multiplication par la durée: il s'agit donc d'un élément décisif. 

Si, au cours d'une journée de travail, plusieurs sous-activités présentant différents types de contraintes physiques sont réalisées, il est possible d'évaluer chaque sous-activité séparément à l'aide du KIM correspondant, puis de calculer les différents scores de risque pondérés en fonction de la durée. Un outil spécifique est disponible à cet effet: le KIM-Multi-E.

Exemple : facteurs de risque et calcul du score de risque KIM-PP (tirer et pousser des charges)
- poids, compte tenu du type de chariot
- surface
- conditions de travail
- caractéristiques du chariot
- posture de travail
- organisation du travail.

Les indices de ces facteurs de risque sont additionnés et multipliés par un indice de risque lié à la durée de la tâche. 

Indice de risque = durée x (poids + surface + conditions de travail + chariot + posture + organisation)
x 1,3 (score de risque pour les femmes)
x 0,7 (pousser/tirer à 2)

Indice de risque

Chaque outil KIM débouche sur un indice de risque, indiquant le risque de troubles musculo-squelettiques. L’échelle de risque est divisée en quatre grandes classes (faible -> élevé) (voir tableau). Cette échelle, identique pour tous les outils, facilite la comparaison et la hiérarchisation des risques liés à différentes tâches. 

Facile à appliquer

Les méthodes KIM sont souvent utilisées parce qu'elles sont faciles à mettre en œuvre. Il n'est par exemple pas nécessaire de prendre des mesures. En outre, la méthode peut également être utilisée pour estimer l'efficacité d'éventuelles mesures de prévention. Le calcul de l’indice de risque avec/sans mesures permet de faire des comparaisons et de justifier le choix. Autre avantage: les outils sont gratuits et disponibles dans différentes langues.

 

Tableau - Échelle et indices de risque 

Échelle de risqueIndice de risque 
(en points)

Intensité de la charge

a) Probabilité de surcharge physique
b) Conséquences possibles sur la santé
Mesures
1< 20 Faiblea) Une surcharge physique est peu probable. 
b) Aucun risque pour la santé n’est attendu.

Aucune

220 à 50 Légère hausse a) Une surcharge physique est possible chez les personnes avec une résistance réduite. 
b) Fatigue, légères difficultés d’adaptation qui peuvent être compensées pendant le temps libre
Pour les personnes moins résistantes, des mesures de réaménagement du poste de travail et d’autres mesures de prévention peuvent être utiles.
350 à 100

Hausse significative

a) Une surcharge physique est également possible pour les personnes qui sont normalement capables de travailler sous pression.
b) Troubles (douleurs), éventuellement avec troubles fonctionnels, le plus souvent réversibles, sans manifestation morphologique.
Il faut envisager des mesures de réaménagement du poste de travail et d’autres mesures de prévention.
4≥ 100Élevé

a) Une surcharge physique est probable.
b) Troubles plus prononcés et/ou troubles fonctionnels, dommages structurels avec signification pathologique.

Des mesures de réaménagement du poste de travail sont nécessaires.
D’autres mesures préventives devraient être envisagées.

Source
BAuA. Risk Assessment with the Key Indicator Methods (KIM)

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