FARIP: une méthode pour établir un "profil de risques".
Rik Op De Beeck (Prevent), Bart Dewulf (Janssen Pharmaceutica)
Le contexte
Les défis économiques auxquels le monde pharmaceutique est confronté contraignent de plus en plus les entreprises à comprimer les coûts. Malgré cela, Janssen Pharmaceutica entretient une culture d’entreprise forte, fondée notamment sur la qualité de vie, la sécurité, la santé, le bien-être des collaborateurs et la préservation de l’environnement.
S’il est vrai que l’entreprise est soucieuse de se conformer aux normes et à la législation nationale et internationale dans ces domaines, elle est également convaincue que sa continuité et sa réputation reposent en grande partie sur ces facteurs.
L'entreprise s’efforce non seulement d’exploiter au mieux les moyens de production, mais veille également à optimiser les coûts et les investissements relatifs à la prévention. Comme dans tous les secteurs, la réduction des coûts constitue donc une priorité.
Janssen Pharmaceutica est néanmoins pleinement consciente des dangers que pourraient entraîner de telles économies, à savoir une diminution du contrôle et une perte de la maîtrise des risques graves liés à la production. Pour éviter qu’une telle situation se produise, Janssen Pharmaceutica a décidé d’investir dans le développement de la méthode FARIP.
Qu’est-ce que le FARIP?
Le "FARIP" (ou "Facility Risk Profiling") est un instrument de gestion structuré qui permet de prendre des décisions fondées sur la base d’un profil de risques. Il permet d’identifier les risques, de les évaluer et de les comprendre. Sur base de ces données, on pourra notamment définir la meilleure façon d’exploiter les ressources disponibles. On s’efforcera ensuite d’identifier les risques qui méritent une attention particulière et qui doivent être traités en priorité, de déterminer à quels niveaux une analyse de risques approfondie est nécessaire, et enfin de définir les mesures de prévention dans lesquelles il faudra investir. Car pour atteindre un bon niveau de prévention, il ne faut pas accorder le même degré d'attention à tous les aspects de la prévention ou à toutes les composantes de l'entreprise.
En présentant les résultats de manière visuelle, le profil de risques FARIP aide l'entreprise à identifier les priorités en matière de prévention par département ou par établissement (ou "facility").
Le FARIP peut aussi bien être utilisé par la direction, la ligne hiérarchique, les membres du CPPT et le service de prévention que par les collaborateurs.
FARIP: une collaboration entre Janssen Pharmaceutica et Prevent. La méthode FARIP a été mise au point par une équipe internationale composée d’experts en prévention et de responsables d’entreprise de Janssen Pharmaceutica et du groupe Johnson & Johnson. Les collaborateurs de Prevent y ont également joué un rôle essentiel en aidant l’équipe FARIP à développer, affiner, tester et adapter cette nouvelle méthode. |
Approche
Globalement, on peut dire que l’approche se décompose en sept étapes principales.
1) Subdiviser l’entreprise en groupes fonctionnels et activités
Pour réaliser cette division de façon judicieuse, on peut opter pour une approche de type processus. Il est important que la classification des différents aspects et risques à évaluer soit jugée pertinente par les managers et les collaborateurs. Chaque unité d'exploitation ou département forme une "équipe FARIP". Celle-ci se compose de managers, de techniciens spécialisés, de collaborateurs expérimentés et de conseillers en prévention (venant si possible de différentes disciplines). Ces différentes équipes effectuent l’exercice FARIP sous la direction d’un coach. Ce dernier est une personne spécialisée dans divers aspects de la prévention et possède une certaine expérience de la méthodologie FARIP. Il peut s’agir d’un collaborateur de la société ou d’une personne extérieure.
2) Identifier les facteurs susceptibles d'accroître le risque
Il s’agit d’identifier les facteurs présents dans les établissements ou les départements examinés et susceptibles d’accroître les risques. Il peut s'agir, par exemple, du recours systématique à des sous-traitants ou de l'occupation d'un groupe spécifique de travailleurs particulièrement sensible. C’est également à ce niveau que l’on examinera certains facteurs climatologiques (pluie, inondation,…) ou géologiques (risque de tremblement de terre…) locaux. La liste des facteurs potentiels est passée en revue.
3) Déterminer quels aspects de la prévention doivent être évalués et à quel niveau de l’organisation
Parmi les 28 aspects de la prévention (relatifs à la sécurité, l’ergonomie, la charge psychosociale, l’hygiène au travail et l’environnement), l’équipe FARIP détermine quels aspects seront évalués et à quel niveau (au niveau de l'établissement, du département, de la tâche ou d’une composante de la tâche).
4) Effectuer, au sein d’un groupe multidisciplinaire, l'estimation des risques sur la base d’un scénario
L’équipe FARIP élabore un "scénario de risque" pour les aspects à examiner. Tout d’abord, l’équipe se penche sur les risques potentiellement présents. Elle se base pour cela sur les caractéristiques intrinsèques des dangers pouvant entraîner des dommages. Les risques sont formulés de la manière la plus réaliste possible. Ensuite, à l’aide d’une "matrice des risques", on leur attribue un niveau de risque en fonction de la gravité potentielle qu’ils représentent (en termes de dommages) et de la probabilité que le scénario se réalise. Lors de la définition des risques, on tient compte non seulement de l’impact qu’ils pourraient avoir sur la sécurité, la santé et l’environnement, mais également de l'impact sur l’image de l’entreprise, ainsi que de l’impact juridique et/ou économique.
5) Déterminer les mesures critiques destinées à limiter les risques
L’équipe FARIP détermine les mesures de prévention les plus critiques (d’un point de vue technique, organisationnel et humain) qui permettront de maîtriser le risque potentiel identifié.
6) Estimer le risque résiduel
Le risque résiduel est évalué au moyen de la matrice des risques et tient compte des mesures de prévention présentes. On détermine si des mesures de prévention supplémentaires sont nécessaires.
7) Rassembler toutes les données de manière à obtenir une représentation visuelle des risques, autrement dit le "profil de risques"
Un programme informatique permet de rassembler et de traiter toutes les données, pour ensuite fournir un aperçu des risques à la fois potentiels et réels. Un profil de risques (voir schéma) peut ensuite être généré automatiquement. Ce dernier illustre sous forme de toile d’araignée les risques potentiels et réels.
Schéma : le profil de risques
Conditions requises
L’application correcte de la méthodologie FARIP implique le respect de certaines conditions. Tout d’abord, la direction et le management doivent s’engager clairement à respecter les différentes étapes. Ensuite, il est essentiel que l’équipe FARIP dispose de connaissances suffisantes sur les aspects préventifs à examiner, et que le coach FARIP possède une expérience adéquate lui permettant d'assurer un bon encadrement jusqu’à l’obtention du résultat final.
Conclusion
Cette méthodologie a reçu un accueil très positif dans les départements où elle a été appliquée. Quelques avantages parmi d’autres:
- moyennant une préparation et un encadrement corrects, un profil de risques est établi à différents niveaux dans un délai relativement court;
- l’exécution de la méthodologie FARIP permet souvent de détecter des risques que d’autres analyses de risques n’avaient pas identifiés;
- le fait d’exécuter une évaluation des risques participative au sein d’une équipe multidisciplinaire facilite l'assimilation par l'ensemble des participants et l’organisation tout entière. Le fait de suivre un processus FARIP peut avoir un effet positif sur la culture de prévention d’une entreprise;
- en participant à l’évaluation des risques potentiels, les managers et collaborateurs impliqués prennent conscience des dangers inhérents à leurs activités dans l’entreprise et de l'importance de ne pas réaliser des économies de façon inconsidérée dans le domaine de la prévention;
- les informations obtenues sur les risques potentiels et réels permettent au management et à la ligne hiérarchique de prendre les bonnes décisions et de faire les bons choix et les investissements judicieux dans le domaine de la prévention (où faut-il agir ou pas, de quelle manière,…);
- la mise en œuvre de la méthode FARIP permet à l’entreprise de se conformer à de nombreuses obligations légales en matière d’analyse des risques;
- le CPPT peut utiliser cet instrument pour définir les priorités du plan de prévention global et du plan d’action annuel;
- les informations peuvent être utilisées pour faire prendre davantage conscience aux collaborateurs (y compris les nouveaux ou les temporaires) des risques auxquels ils peuvent être confrontés;
- pour le conseiller en prévention, ceci constitue un excellent guide sur lequel il peut se baser pour exécuter correctement les tâches et assumer les responsabilités qui lui incombent;
- pour les entreprises de plus grande taille, les résultats de la méthode FARIP peuvent représenter un instrument essentiel leur permettant d’échanger des informations entre des unités de production similaires réparties à travers le monde.